Journal officiel du Cameroun
ORDONNANCE N°89/005 DU 13 Décembre 1989 RELATIVE A L'INDEMNISATION DES VICTIMES D'ACCIDENTS DE LA CIRCULATION.-
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,
VU la Constitution ;
VU la Loi n° 88/020 du 16 Décembre 1988 autorisant le Président de la République à réformer par ordonnances le système indemnitaire en matière d'assurance automobile ;
ORDONNE:
CHAPITRE I
DISPOSITIONS GENERALES
SECTION I
DOMAINE D'APPLICATION
Art. 1 — (1) Les dispositions de la présente ordonnance s'appliquent à l'indemnisation des préjudices résultant d'un accident corporel de la circulation par véhicule terrestre à moteur ;
(2) Elles ne s'appliquent pas aux accidents de la circulation subis par les personnes transportées par chemin de fer ou par tout autre moyen de transport ;
(3) Elles ne s'appliquent pas non plus dans les rapports entre conducteurs de véhicules terrestres à moteur ;
(4) Elles sont exclusives de toute application du droit commun de la responsabilité ;
(5) Elles ne font pas obstacle à la souscription d'assurances personnelles garantissant des prestations dont la nature et l'étendue relèvent des dispositions conventionnelles.
SECTION II
DEFINITIONS
Art. 2 — Pour l'application de la présente ordonnance, les définitions ci-après sont adoptées :
- Un accident de la circulation désigne tout accident impliquant un véhicule terrestre à moteur. A la qualification de véhicule terrestre à moteur est attachée la présomption qu'elle dommage résulte d'un fait de circulation, à moins que le débiteur n'établisse la preuve contraire
- Un véhicule terrestre désigne tout engin conçu pour transporter des personnes ou des choses qui se déplacent sur le sol
- Un véhicule terrestre à moteur désigne tout véhicule terrestre mû par un moteur, quelle que soit la source de son énergie, y compris les remorques et les semi-remorques
- Une remorque ou semi-remorque désigne :
tout véhicule terrestre construit en vue d'être attelé à un véhicule terrestre à moteur, au moment de l'accident ;
tout engin autre qu'un véhicule terrestre, effectivement attelé à un véhicule terrestre à moteur.
- Est réputé débiteur, toute personne physique ou morale, publique ou privée, propriétaire ou gardien d'un véhicule terrestre à moteur, du chef et à l'encontre duquel est exercé le droit à indemnisation, ainsi que l'assureur dudit véhicule ou, le cas échéant le Fonds de Garantie Automobile, compte tenu des règles particulières qui le régissent
- Est désigné comme créancier, toute personne à laquelle la présente ordonnance reconnaît un droit à indemnisation. Ont ainsi la qualité de créancier :
la victime directe qui est la personne dont le corps a subi une atteinte (blessures, infirmité ou décès) du fait de l'accident ;
l'ayant-droit qui est une personne qui subit un préjudice propre du fait des blessures ou du décès de la victime directe. Ont qualité d'ayants-droit de la victime directe :
le (s) conjoint (s) selon la loi civile ;
les père et mère ;
les enfants légitimes, légitimés, reconnus ou adoptés mineurs ou majeurs selon les cas ;
les collatéraux mineurs à charge.
- L'action successorale désigne l'action exercée par les héritiers de la victime directe pour des frais ou pertes subis par celle-du fait de l'accident, avant son décès. Seuls les frais, quelle qu'en soit la nature et les pertes résultant de l'incapacité temporaire de travail, donnent lieu à l'action successorale
- Les préjudices indemnisables recouvrent les préjudices corporels pour lesquels la présente ordonnance reconnaît un droit à indemnisation à l'exclusion de tous autres.
Sont ainsi considérés comme indemnisables à condition d'avoir un lien direct de causalité avec l'accident :
pour la victime directe :
les frais de toute nature (médicaux, pharmaceutiques, d'hospitalisation, d'ambulance, de prothèse et d'orthopédie, de rééducation fonctionnelle, exceptionnellement d'évacuation sanitaire) ;
Les pertes résultant de l'incapacité temporaire de travail
le préjudice résultant d'une incapacité permanente ;
l'assistance d'une tierce personne ;
la souffrance physique ou pretium doloris ;
le préjudice esthétique ;
le préjudice moral ;
le préjudice d'agrément ;
le préjudice de carrière.
pour les ayants-droit :
les frais occasionnés par le décès (frais médicaux, frais de morgue, frais funéraires, frais de transport du corps) ;
la perte des moyens d'existence ou préjudice économique;
le préjudice d'affection ou préjudice moral.
CHAPITRE II
LE DROIT A INDEMNISATION
Art. 3 — (1) Toute victime directe d'un accident de la circulation a droit à indemnisation selon les modalités fixées par la présente ordonnance.
(2) Elle perd ce droit et ne peut prétendre à aucune indemnisation lorsqu'elle a recherché intentionnellement le dommage subi ou lorsqu'elle a commis une faute inexcusable qui a été la cause exclusive de l'accident.
(3) Aucune autre circonstance ne peut lui être opposée notamment, son propre fait, le fait d'un tiers ou la force majeure.
Art. 4 — Les ayants-droit bénéficient du même droit à indemnisation que la victime directe selon des modalités qui leur sont propre et supportent les mêmes exclusions, tant du chef de celle-ci que de leur propre chef, à l'exception des cas prévus aux articles 5 et 6 ci-dessous.
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