Journal officiel du Sénégal

LOI d'orientation n° 2008-03 du 08 Janvier 2008 sur la Stratégie de Croissance accélérée.

EXPOSE DES MOTIFS

L'évolution de l'économie sénégalaise, depuis l'indépendance, fait apparaître quatre périodes marquantes, correspondant chacune à des moments de ruptures majeures, dictées par des facteurs internes ou externes, d'ordre politique ou économique.

Les deux premières décennies (1960-1980) ont été marquées par une croissance faible et irrégulière, conséquence des nombreuses années de sécheresse, mais aussi du fait, d'une part, d'un contexte international de plus en plus défavorable, d'autre part, de politiques économiques inappropriées.

Ainsi, les profonds déséquilibres macro-économiques survenus au début des années 80 ont justifié la conduite de politiques d'ajustement interne, qui n'ont pourtant pas permis d'éviter le recours à la dévaluation du franc CFA, survenu en janvier 1994.

Sur la période post-dévaluation, de 1994 à 2000, le changement de parité et les réformes engagées comme mesures d'accompagnement ont conduit à une inversion des tendances, avec un taux de croissance moyen de l'économie se situant autour de 4 % et une nette réduction du déficit budgétaire (le déficit base engagements et hors dons étant passé de 15,2 % du PIB en 1994 à 2,9 % du PIB en 2000).

Le changement politique survenu en 2000 et les réformes qui ont été conduites, ainsi que l'adoption par la communauté internationale de nouvelles initiatives pour combattre la pauvreté, ont imprimé de nouvelles tendances. Un taux de croissance moyen annuel de 4,6 % a été enregistré entre 2000 et 2005, traduisant ainsi une dynamique soutenue des activités économiques, en dépit des chocs exogènes qui ont affecté l'année 2002.

Nonobstant les progrès notés sur la période récente, une situation de grande pauvreté continue de frapper encore une frange importante de la population sénégalaise (57,9 %), alors que plusieurs pays qui étaient au même niveau de développement en 1960, ont pu atteindre l'émergence économique. Et même le maintien d'un taux de croissance de 5 % nécessiterait une durée de 30 années pour faire passer le PIB per capita actuel de 700 dollars à 1400 dollars, soit encore en dessous du seuil de 1500 dollars, fixé pour sortir du rang des PMA.

Les objectifs de la Stratégie de Réduction de la Pauvreté, tout comme les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ne pourront se réaliser que par une croissance plus forte et soutenue. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'initiative de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA), basée sur trois orientations majeures, complémentaires :

accélérer la croissance pour en porter les taux à un niveau suffisamment élevé (au moins 7 %) ;

rendre la croissance plus efficace dans la lutte contre la pauvreté, notamment par la création d'emplois massifs ;

inscrire la croissance dans la durée et diversifier ses sources, tout en la protégeant contre les chocs exogènes.

Cheikh Hadjibou SOUMARE